兰波 (arthur Rimbaud)

Aube 黎明  Le bateau ivre 醉舟  Voyelles 元音  Sensation 感觉  Ophélie 奥菲莉娅  Au cabaret-vert 绿色小酒店  Chanson de la plus haute tour 最高塔之歌  Bonne pensée du matin 晨思  Larme 泪  Les corbeaux 乌鸦  Le buffet 橱柜  Le dormeur du val 幽谷睡者  Départ 出发  Tête de faune 牧神的头 


Aube 黎明

Aube

J'ai embrassé l'aube d'été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte.
Les camps d'ombres ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché,
réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries
regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli
de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins :
à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les
bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville
elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un
mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée
avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps.
L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.

Au reveil il etait midi.

黎明

我吻抱夏晨的黎明。

宫殿前的一切依然静寂,流水止息。绿荫尚未在林路中消失,我走过,唤醒一阵阵
生动而温馨的气息,宝石般的睛瞳睁开[1],轻翅无声地飞起[2]。

第一个相遇,在晨曦洒落的幽径上,一朵花告诉了我它的名字。

我朝金色的瀑布[3]一笑,她的散发飘过松杉林:自那银白的顶端[4]我认出了女神。

于是我一层层揭开轻纱[5],在小路上我挥动双臂。在平原上,我向雄鸡举告了她。
在都市里,她在教堂的钟塔与穹顶间逃匿,乞丐般飞跑在大理石的岸上[6],我追逐
着她。

在路上,在月桂树边,我以层层轻纱将她环抱,隐约地感觉到她无限的玉体[7],黎
明和孩子[8]一起倒在丛中。

醒来,已是正午。

[1]les pierreries regardèrent: 动物的眼睛
[2]les ailes: 鸟类/夜的翅膀
[3]wasserfall: 德文“瀑布”, 女神的长发
[4]cime argentée: 女神的身影
[5]voiles: 从黑夜身上赢得的分分秒秒
[6]la grand'ville...les quais de marbre: 暗指威尼斯
[7]immense corps: 绝对性和真实性
[8]enfant: “我”的双重身份

(诗阳 译于1995.10.24.虎镇 10.26修订)


Le bateau ivre 醉舟

Le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !

J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

醉舟

当我顺着无情河水只有流淌, 
我感到纤夫已不再控制我的航向。 
吵吵嚷嚷的红种人把他们捉去, 
剥光了当靶子,钉在五彩桩上。 

所有这些水手的命运,我不管它, 
我只装运佛兰芒小麦、英国棉花。
当纤夫们的哭叫和喧闹消散, 
河水让我随意漂流,无牵无挂。 

我跑了一冬,不理会潮水汹涌, 
比玩的入迷的小孩还要耳聋。 
只见半岛们纷纷挣脱了缆绳, 
好象得意洋洋的一窝蜂。 

风暴祝福我在大海上苏醒, 
我舞蹈着,比瓶塞子还轻, 
在海浪——死者永恒的摇床上 
一连十夜,不留恋信号灯的傻眼睛。 

绿水渗透了我的杉木船壳,——
清甜赛过孩子贪吃的酸苹果, 
洗去了蓝的酒迹和呕吐的污迹, 
冲掉了我的铁锚、我的舵。 

从此,我就沉浸于大海的诗——
海呀,泡满了星星,犹如乳汁; 
我饱餐青光翠色,其中有时漂过 
一具惨白的、沉思而沉醉的浮尸。 

这一片青蓝和荒诞、以及白日之火 
辉映下的缓慢节奏,转眼被染了色——
橙红的爱的霉斑在发酵、在发苦, 
比酒精更强烈,比竖琴更辽阔。

我熟悉在电光下开裂的天空, 
狂浪、激流、龙卷风;我熟悉黄昏 
和象一群白鸽般振奋的黎明, 
我还见过人们只能幻想的奇景! 

我见过夕阳,被神秘的恐怖染黑, 
闪耀着长长的紫色的凝辉, 
照着海浪向远方滚去的微颤, 
象照着古代戏剧里的合唱队! 

我梦见绿的夜,在眩目的白雪中 
一个吻缓缓地涨上大海的眼睛, 
闻所未闻的液汁的循环, 
磷光歌唱家的黄与蓝的觉醒! 

我曾一连几个月把长浪追赶, 
它冲击礁石,恰象疯狂的牛圈, 
怎能设想玛丽亚们光明的脚 
能驯服这哮喘的海洋的嘴脸! 

我撞上了不可思议的佛洛里达, 
那儿豹长着人皮,豹眼混杂于奇花, 
那儿虹霓绷得紧紧,象根根缰绳 
套着海平面下海蓝色的群马!
我见过发酵的沼泽,那捕鱼篓——
芦苇丛中沉睡着腐烂的巨兽; 
风平浪静中骤然大水倾泻, 
一片远景象瀑布般注入涡流! 

我见过冰川、银太阳、火炭的天色, 
珍珠浪、棕色的海底的搁浅险恶莫测, 
那儿扭曲的树皮发出黑色的香味, 
从树上落下被臭虫啮咬的巨蛇! 

我真想给孩子们看看碧浪中的剑鱼——
那些金灿灿的鱼,会唱歌的鱼; 
花的泡沫祝福我无锚而漂流, 
语言难以形容的清风为我添翼。 

大海--环球各带的疲劳的受难者 
常用它的呜咽温柔地摇我入梦, 
它向我举起暗的花束,透着黄的孔, 
我就象女性似的跪下,静止不动……

象一座浮岛满载金黄眼珠的鸟, 
我摇晃折腰船鸟粪、一船喧闹。 
我航行,而从我水中的缆绳间, 
浮尸们常倒退着漂进来小睡一觉!……
我是失踪的船,缠在大海的青丝里, 

还是被风卷上飞鸟达不到的太虚? 
不论铁甲舰或汉萨同盟的帆船, 
休想把我海水灌醉的骨架钓起。 

我只有荡漾,冒着烟,让紫雾导航, 
我钻破淡红色的天墙,这墙上 
长着太阳的苔藓、穹苍的涕泪,——
这对于真正的诗人是精美的果酱。 

我奔驰,满身披着电光的月牙, 
护送我这疯木板的是黑压压的海马; 
当七月用棍棒把青天打垮, 
一个个灼热的漏斗在空中挂! 

我全身哆嗦,远隔百里就能听得 
那发情的河马、咆哮的漩涡, 
我永远纺织那静止的蔚蓝, 
我怀念着欧罗巴古老的城垛! 

我见过星星的群岛!在那里, 
狂乱的天门向航行者开启: 
“你是否就睡在这无底深夜里——
啊,百万金鸟?啊,未来的活力?” 

可是我不再哭了!晨光如此可哀, 
整个太阳都苦,整个月亮都坏。 
辛辣的爱使我充满醉的昏沉, 
啊,愿我龙骨断裂!愿我葬身大海! 

如果我想望欧洲的水,我只想望 
马路上黑而冷的小水潭,到傍晚, 
一个满心悲伤的小孩蹲在水边, 
放一只脆弱得象蝴蝶般的小船。 

波浪啊,我浸透了你的颓丧疲惫, 
再不能把运棉轮船的航迹追随, 
从此不在傲慢的彩色旗下穿行, 
也不在趸船可怕的眼睛下划水!
             飞  白译


Voyelles 元音

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

元音

A黑、E白、I红、U绿、O蓝:元音们, 
有一天我要泄露你们隐秘的起源: 
A,苍蝇身上的毛茸茸的黑背心, 
围着恶臭嗡嗡旋转,阴暗的海湾; 

E,雾气和帐幕的纯真,冰川的傲峰, 
白的帝王,繁星似的小白花在微颤; 
I,殷红的吐出的血,美丽的朱唇边 
在怒火中或忏悔的醉态中的笑容; 

U,碧海的周期和神秘的振幅, 
布满牲畜的牧场的和平,那炼金术 
刻在勤奋的额上皱纹中的和平; 

O,至上的号角,充满奇异刺耳的音波, 
天体和天使们穿越其间的静默: 
噢,奥美加,她明亮的紫色的眼睛!
              飞  白译

 ①“奥美加”是希腊字母,与拉丁字母“O”相当,但在希腊字
母表中排在最末,故象征“终极”。


Sensation 感觉

Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

感觉

在蓝色的夏晚,我将漫步乡间,
迎着麦芒儿刺痒,踏着细草儿芊芊,
仿佛在做梦,让我的头沐浴晚风, 
而脚底感觉到清凉和新鲜。

我什么也不想,什么也不说, 
一任无限的爱从内心引导着我, 
我越走越远,如漫游的吉卜赛人, 
穿过大自然,象携着女伴一样快乐。 
               飞 白译


Ophélie 奥菲莉娅

Ophélie

I

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

II

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !

III

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

奥菲莉娅

    一

宁静漆黑的水面上沉睡着星星,
奥菲丽娅像朵巨大的百合,一身洁白,
她枕着长巾,在水中慢慢地漂行,
——远处的竹林已有围猎的号声传来。

一千多年了,如同白色的幽灵,
凄惨的奥菲丽娅在这黑色的长河中流逝;
—千多年了,她那甜蜜狂热的爱情
在晚风中低诉着她的浪漫史。

风吻着她的双乳,吹开了她的纱巾,
像一朵盛开的鲜花,在水中轻摇;
柳丝在她肩上哭泣,颤抖不停,
芦苇对着她沉思的巨额弯下了腰。

被碰伤的睡莲在她周围哀叹;
有时,她惊醒在桤树上沉睡的鸟窝,
只听翅膀轻拍,鸟儿飞远;
——一首神秘的歌从金色的星辰上飘落。

   二

啊,苍白的奥菲丽娅,你美如白雪!
是的,你死了,孩子,己被河水带走!
——因为从挪威高山上吹下来的风
曾跟你低语过辛酸的自由;

因为吹卷你长发的微风
把奇特的声音送进你的梦魂;
因为在树的哀怨和夜的叹息中
你的心听到了大自然的歌声;

因为怒海的涛声,像嘶哑的喘息,
击碎了你太多情太温柔孩子般的胸膛,
因为四月的一个早晨,苍白英俊的骑士,
一个可怜的疯子,默默地坐在你的膝上。

可怜的疯女啊,多美的梦!天堂,自由,爱情!
你融于梦,就像雪融化在火中:
你巨大的幻觉窒息了你的声音
——可怕的无限使你的蓝眼又惊又恐!

   三

——诗人说,夜晚,你常来找寻,
顶着满天星光,你常来找寻你采摘的花儿,
还说,看见洁白的奥菲丽娅,枕着纱裙,
像朵巨大的百合,在水面上漂浮。
                 胡小跃译


Au cabaret-vert 绿色小酒店

Au cabaret-vert

Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

绿色小酒店

八天来,我在石子路上奔波,
磨破了一双靴子,才来到夏尔鲁瓦。
在绿色小酒店里:我要了
面包片、黄油和半凉的火腿。

真幸运,我在绿色的餐桌下伸直了双腿。
凝视着挂毯上天真的壁画。
——这非常可爱,
当一个乳房硕大,目光火热的姑娘走过来,

她并不是上来给你一吻让你受惊吓!
她满面春风,举着彩色的托盘,
给我端来微温的火腿、黄油和面包片。

红白相间的火腿发出大蒜的香味,
她又给我倒上啤酒满满一大杯,
傍晚的夕阳在啤酒的泡沫上闪着金辉!
                     1870年10月
              王以培译


Chanson de la plus haute tour 最高塔之歌

Chanson de la plus haute tour

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s'éprennent.

Je me suis dit : laisse,
Et qu'on ne te voie :
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t'arrête,
Auguste retraite.

J'ai tant fait patience
Qu'à jamais j'oublie ;
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.

Ainsi la prairie
A l'oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D'encens et d'ivraies
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.

Ah ! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n'a que l'image
De la Notre-Dame !
Est-ce que l'on prie
La Vierge Marie ?

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s'éprennent !

最高塔之歌

啊,无所事事的青春,
你己沦为一切的奴隶;
我竟因娇嫩
而失去我蓬勃的朝气。
啊!但愿心灵
充满爱的时候快快来临。

我心里思量:
算了吧,但愿我再也不与你相遇;
你就别指望
更高尚的乐趣。
但愿什么也阻止不了你的前进,
啊,庄严的退隐。

我忍了这么多工夫,
终于永远地忘怀;
畏惧与痛苦
全给抛到九霄云外,
不健康的渴望,
偏又害得我的才思黯然无光。

长起乳香
与黑麦草
并开满鲜花的牧场
就这样被忘掉,
任无数肮脏的苍蝇
与凶恶的熊蜂一起横行。

啊!如此可怜的灵魂的无限凄凉!
你竟只容
圣母的形象
永存于你的心中!
你可正在祈求
圣母玛丽亚的保佑?

啊,无所事事的青春,
你已沦为一切的奴隶;
我竟因娇嫩
而失去我蓬勃的朝气。
啊!但愿心灵
充满爱的时候快快来临!
                  张秋红译


Bonne pensée du matin 晨思

Bonne pensée du matin

A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bosquets l'aube évapore
L'odeur du soir fêté.

Mais là-bas dans l'immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s'agitent.

Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira sous de faux cieux.

Ah ! pour ces Ouvriers charmants
Sujets d'un roi de Babylone,
Vénus ! laisse un peu les Amants,
Dont l'âme est en couronne.

Ô Reine des Bergers !
Porte aux travailleurs l'eau-de-vie,
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.

晨思

夏日,凌晨四点,
爱情的睡眠正酣,
树林中的黎明
散发着节日之夜的气息。

而在那开阔的工地上,
迎着赫斯佩里得斯的太阳,
木工们已经卷起袖子
开始晃动。

在苔藓的荒漠中,
他们默默地制作棺木。
其中城市的珍宝,
将在虚拟的天空下发笑。

啊?为了这些美好的工人们,
巴比伦国王的臣民,
维纳斯!暂时放开这些情人,
他们的灵魂戴着花冠。

噢,牧羊人的女王!
快给工人们送去烈酒,
愿他们的力量平息,
以等待正午大海的沐浴。
                  1872年5月
              王以培译


Larme 泪

Larme

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d'après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
Que tirais-je à la gourde de colocase ?
Quelque liqueur d'or, fade et qui fait suer.

Tel, j'eusse été mauvaise enseigne d'auberge.
Puis l'orage changea le ciel, jusqu'au soir.
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.

L'eau des bois se perdait sur des sables vierges,
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares...
Or ! tel qu'un pêcheur d'or ou de coquillages,
Dire que je n'ai pas eu souci de boire !

泪

远离飞鸟、牛羊、村姑,
我跪在欧石南丛中畅饮,
四周是温柔的榛树林,
飘着午后潮湿的青雾。

这年轻的瓦兹河如何让我解渴,
无声的榆树,无花的青草,沉闷的天。
我能从这葫芦里汲取什么?
几滴发汗的金汁,淡而无味。

就这样,我成了一面小客栈的破旗。
随后,一阵风暴扫荡天空,直到傍晚。
暮色笼罩的天地、湖水、钓竿,
幽蓝夜色中的廊柱、车站。

林间流水没入纯净的沙滩。
从天而降的风,将冰层投入池塘……
可正如垂钓黄金或贝壳的渔夫,
我可以无忧无虑地畅饮!
              王以培译


Les corbeaux 乌鸦

Les corbeaux

Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs angelus se sont tus...
Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.

Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous !

Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d'avant-hier,
Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !

Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.

乌鸦

当寒冷笼罩草地,
沮丧的村落里
悠长的钟声静寂……
在萧索的自然界,
老天爷,您从长空降下
这翩翩可爱的乌鸦。

冷风像厉声呐喊的奇异军旅,
袭击你们的窝巢,
你们沿着黄流滚滚的江河,
在竖着十字架的大路上,
在沟壕和穴窟上,
散开吧,聚拢吧!

在躺着新战死者的 
法兰西隆冬的原野, 
你们成千上万地盘旋, 
为着引起每个行人的思考!

来做这种使命的呐喊者吧,
啊,我们穿着丧服的黑乌!
然而,天空的圣者,
让五月的歌莺
在栎树高处
在那消失在茫茫暮色的桅杆上,
给那些人们做伴,
一败涂地的战争
将他们交付给了
树林深处的衰草。
           葛 雷、梁 栋译


Le buffet 橱柜

Le buffet

C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.

橱柜

这是一个雕花的大橱,阴暗的橡木,
十分古老,一副老奶奶的面孔;
橱门打开,一股陈酒与醉人的芳香,
便从阴影之中溢出来。

橱柜里装满杂乱的古董,
香香的黄手绢,女人和孩子的围兜,
枯萎的旧花边,
祖母的头巾,上面印着奇异的飞禽走兽。

里面还有各种各样的徽章,
白色、栗色的发绺,干花和肖像,
芳香混合着水果的香味。

——噢,古老的橱柜,你了解许多故事,
当乌黑的大门“吱吱”打开,
你就将那一段段往事娓娓道来。
                   1870年10月
              王以培译


Le dormeur du val 幽谷睡者

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

幽谷睡者

这是一个绿色的山穴,
欢唱的小河把银色的褴褛挂在草尖,
阳光在傲岸的山头闪烁, 
这是一个泛着青苔的空谷。 

一位年轻的士兵,张着嘴,光着头,
脖颈沐浴在蓝色芥草的新绿之中,
他躺在草丛中披着赤裸的长天,
在阳光垂泪的绿色大床上,面色苍白地睡去。 

他双脚伸进菖兰花中,睡去了。
微笑得象个患病的娇童,他感到了寒冷,
于是大自然用温暖的怀抱摇着他。

芳香不能再使他的鼻孔抖动,
他安详地睡在阳光下,用手捂着心窝,
右肋上有两个红色的弹洞。
           葛 雷、梁 栋译


Départ 出发

Départ

Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. - Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l'affection et le bruit neufs !

出发

看透了。形形色色的嘴脸一览无余。
受够了。城市的喧嚣,黄昏与白昼,日复一日。
见多了。人生的驿站。——噢,喧嚣与幻像!
出发,到新的爱与新的喧闹中去!
                 王以培译


Tête de faune 牧神的头

Tête de faune

Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l'exquise broderie,

Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.

Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -
Son rire tremble encore à chaque feuille,
Et l'on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d'or du Bois, qui se recueille.

牧神的头

在树丛这镀着金斑的绿色宝匣中,
在树丛这开着绚烂花朵的朦胧中,
睡着那甜蜜的吻,
突然 那活泼打乱一片锦绣,

惊愕的牧神抬起眼睛,
皓齿间叼着红色的花卉,
他那陈年老酒般鲜亮的嘴唇,
在树枝间发出笑声。 

他逃走了——就像一只松鼠—— 
他的笑还在每片树叶上颤动,
一只灰雀飞来惊扰了 
树林中正在沉思的金色的吻。
           葛 雷、梁 栋译


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